Ma démarche des dernières années cherche à répondre à une simple question : l’émotion peut-elle émaner de simples fils de fer entortillés, tordus, rouillés?
Je cherche à transmettre le mouvement, le geste, le poids du corps et une âme à mes personnages en fil de fer, mes petits Hommes. Prenant assise dans le ciment, ils s’y tiennent en équilibre précaire, s’y enlisent ou en émergent. Je veux ainsi illustrer la fragilité et la force des corps par la rencontre de ces matières industrielles complémentaires mais paradoxales : le ciment et le fil de fer. Toujours avec une touche de rouille; le Rouge de Mars.
Le travail de sculpture de Poirier est d’abord très organique, très près de la nature. Il en est un de recherche de matériaux, de travail manuel et de patience. Récoltant des objets métalliques œuvrés mais rouillés, du bois usé par l’homme ou par l’eau, il assemble, récupère, réinterprète et réinvente la matière, la rendant poétique et intrigante. La forme et le mouvement priment. La beauté des matériaux usés par le temps est mise en valeur. Il les installe à l’extérieur, dans son lieu de création, une île au cœur de la Mauricie, laissant le temps et la nature poursuivre le travail.
Puis il s’intéresse au fil de fer. Matériel simple et complexe à la fois, il donne à Poirier la possibilité de réintégrer le corps en mouvement dans ses installations. Il crée des personnages minimalistes ; ses petits Hommes. Il les place dans l’espace, comme un chorégraphe dirigeant ses interprètes. Riche de sa compréhension du corps ces êtres de fer prennent vie. Semblant être suspendus entre deux gestes, ils portent une âme…même s’ils sont vides de chair.
Mon lieu de travail; mon Île à St-Mathieu-du-Parc!